Rixe mortelle de Papara en correctionnelle : 30 mois à 4 ans de prison ferme requis


PAPEETE, le 10 avril 2018 - Dix prévenus comparaissaient ce mardi pour des violences volontaires commises sur trois individus lors de la rixe mortelle de Papara qui avait coûté la vie à un jeune père de famille le 19 juillet 2014. Le procureur de la république a requis des peines comprises entre 30 mois et 4 ans de prison ferme.

Lors des premières minutes de l’audience, le président du tribunal a brandi une photo représentant une enceinte Bose : « cet objet a joué un rôle fondamental dans cette affaire et c’est à cause de cela qu’une personne est morte. » Par cet acte, le magistrat souhaitait certainement rappeler que la bagarre dont il était question aujourd’hui au tribunal correctionnel avait démarré pour un motif futile. Le 19 juillet 2014, une jeune femme avait appelé son ex-conjoint et le frère de ce dernier afin qu’ils viennent l’aider à récupérer l’enceinte qu’elle venait de se faire voler. Les deux jeunes hommes, Moearii et Enoha, ainsi qu’un de leurs amis qui servait de chauffeur, s’étaient alors rendus dans une servitude de Papara où les esprits s’étaient rapidement échauffés pour se finir en lynchage. Plusieurs individus, dont certains étaient ivres, avaient violemment frappé les deux frères. Moearii, père d’un enfant, était décédé des suites de ses blessures. Enoha avait survécu mais conserve d’importantes séquelles. Lors de l’instruction, le juge avait décidé de disjoindre le dossier.

Devant la cour d’assises en septembre dernier, six des agresseurs avaient écopé de peines comprises entre un an et 8 ans de prison ferme. Accompagnés de 4 autres individus, ces prévenus comparaissaient ce mardi pour les violences exercées sur Enoha, son ex-compagne et leur ami qui avait servi de chauffeur.


"Mise à mort"

A la barre, les prévenus se sont succédés. Beaucoup ont émis de regrets, s’excusant auprès de la famille des deux frères. Certains ont justifié leur comportement par la consommation d’alcool, obligeant le président du tribunal à rappeler que cela était une « circonstance aggravante et non le contraire. »

Lors de sa plaidoirie, le conseil d’Enoha et de son ex-compagne a estimé que cette audience était indissociable du procès d’assises : « la peine la plus importante était de 8 ans alors que 20 ans étaient requis. Huit ans pour un massacre, pour avoir tabassé deux frères (…) C’était une mise à mort bestiale. Et, bien que l’affaire soit terminée sur le plan judiciaire, ce n’est pas le cas à l’extérieur. »

Requérant des peines comprises entre 30 mois et 4 ans de prison ferme, toutes assorties d’un mandat de dépôt, le procureur de la République a évoqué un procès sans enjeux : « cette disjonction pour une même scène de violences est complètement artificielle. Je vous fais grâce de la cuisine interne qui a mené à cela (…) Sur les faits, nous sommes ici dans une logique de codes de territoires, de tribus. »

Les délibérés seront rendus ce mercredi après les plaidoiries de la défense.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 10 Avril 2018 à 16:43 | Lu 1703 fois